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Qu’est-ce que la systématique alpha ?
La systématique alpha a pour but d’identifier et nommer les espèces. Il s'agit d'observer, analyser et décrire différentes espèces, de chercher quel est leur nom scientifique actuel valide, de mettre en évidence les noms scientifiques incorrects, déjà donnés ou donnés plusieurs fois.
Prenons un premier exemple : rouget ou grondin ?
Dans certains ouvrages et sur les étals des poissonneries, le nom rouget peut désigner des espèces très différentes, appartenant à des familles bien distinctes.
D’une part, nous avons le rouget barbet, Mullus surmuletus L. 1758 (famille des mullidés) et les grondins rouges avec par exemple Aspitrigla cuculus L. 1758
(famille des triglidés), ces derniers étant appelés localement rougets ou rougets grondins.
Ce sont des animaux forts différents ; par l’aspect, l’anatomie, la biologie, la finesse de la chair… pouvant se retrouver vendus sous le même nom commun ou nom vernaculaire.
Le retour à la source et origine des noms fait l’objet de la systématique-alpha afin de désigner correctement ces espèces.
Prenons un deuxième exemple : Quel nom pour ma sole ? 
Selon les époques, les auteurs et les travaux, la sole commune de nos poissonneries a été notamment appelée d’un point de vue scientifique : Pleuronectes solea, Solea vulgaris et Solea solea.
Chacun est composé de deux mots : le premier est le nom de genre, ici Pleuronectes ou Solea, le second est le nom d’espèce, ici solea ou vulgaris. Le nom de genre s'écrit avec une majuscule tandis que le nom d'espèce s'écrit avec une minuscule.
Quiconque rencontrant ces noms pourrait penser qu’il s’agit de trois espèces différentes.
L’alpha-taxonomiste étudie les spécimens, revient sur les articles et descriptions de départ afin d’attribuer le nom scientifique correct, dit valide. Dans le cas qui nous intéresse ici, Pleuronectes solea et Solea vulgaris sont des noms qui ne sont plus valides car l'espèce n'appartient pas au genre tel qu'il est défini actuellement et le nom d'espèce vulgaris a été mis en synonymie avec le nom solea. Solea solea est le nom scientifique valide de la sole commune.
Le même problème existe pour plusieurs espèces d'acanthomorphes pêchées et consommées, dont le turbot, , Scophthalmus maximus, nommé incorrectement Psetta maxima pendant des années [pour plus d'informations consulter Bailly et Chanet (2010)].
Prenons un troisième exemple : L’identification de spécimens
Lors de missions scientifiques, des animaux ont été récoltés et placés dans des barils remplis d’alcool. Pour l’alpha-taxonomiste, Il s’agit de les identifier, de comparer avec les travaux antérieurs, voire de décrire et nommer de nouvelles espèces.


Ce travail, avec ces trois facettes, n’est pas une activité mineure. Il est à la base de notre connaissance des multiples espèces présentes sur notre planète. Les noms scientifiques donnés aux espèces sont des cartes d’identité permettant à tout scientifique de savoir exactement de quelle espèce il est question. Etablir l’historique des noms, comprendre que tel nom dans un travail du XVIII° siècle désigne telle espèce ayant tel nom valide aujourd’hui, ou attester de la présence de cette espèce à un endroit précis c’est rendre des données comparables, c’est faire des liens, accumuler des données sur cette espèce : sur sa répartition géographique ou bathymétrique, son anatomie, sa morphologie... C’est déterminer avec précision de quoi on parle.